La duchesse de Saint-Sauveur: une fille stuck-up

23/08/2009 in Bon vieux temps,Duchesses du carnaval,Québec | Comments (1)

charest2Josée S. était une blonde à voix stridente. Je l’ai rencontrée dans une  compétition de Génies en herbe quand on était en secondaire IV. Elle avait quelques mois d’avance sur moi dans son développement psycho-sexuel. Elle sortait au Bistro Plus où elle cruisait des gars. Mais elle les flirtait juste du bout des doigts. Elle m’a essayé. C’était la première fois que je frenchais une fille. Elle m’a expliqué qu’il ne fallait pas que je morde.

À sa polyvalente dans le quartier Saint-Sauveur, Josée était une bolle. Elle se démarquait aussi par son look, qu’elle appelait fashion, mais que d’autres appelaient un look sacoche. Elle accusait le monde de Sainte-Foy de la snober. À la Basse-Ville, Sainte-Foy est un écran de projection. Mais dans le fond, c’était Josée la snob, avec ses complexes. Elle avait honte de la maison de ses parents sur la rue du Carnaval. Fierpette et honteuse. Elle parlait d’ailleurs de fierté mal placée dans ses accusations contre le monde de Sainte-Foy. À cette époque, moi aussi, j’étais snob et complexé.

En fait, le plus gros défaut de Josée n’était pas d’être snob, mais d’être stuck up (et agace). Elle parlait de la gymnastique sexuelle que, elle, elle ne pratiquait pas. Elle se réservait pour faire l’amour. Elle disait qu’elle n’était pas née sous le signe astrologique de la vierge, mais qu’elle voulait le rester. Pour décrire ce genre de petites phrases qu’elle inventait, elle disait qu’elle était fine mouche. Elle m’avait dit de ne pas regarder les autres filles quand on est rentrés au cégep, parce que la king, c’était elle.  Son bon mot m’amuse encore après toutes ces années.

Josée avait une amie qui avait presque été sa sœur à une période de sa vie. L’amie venait de faire son coming out quand je l’ai croisée dans un party de jour de l’an. Elle m’avait dit qu’elle trouvait ça beau les femmes qui s’aiment, mais les gais, elle ne voulait rien savoir, ils s’enculent pis ils se donnent le sida. Pour me rendre intéressant, j’avais raconté à mon père que j’avais cruisé une lesbienne dans un party. Les attitudes de mon père étaient celles des années 70 : il était possible de parler de sexe avec lui, mais avec un sourire entendu. Quand à Josée, son mépris était plus catholique. Pour elle, son amie était perdue, c’était une revirée.

Notre zénith à Josée et moi s’est passé dans les semaines où on avait commencé le cégep. Elle m’avait montré l’île d’Orléans, où sa famille avait un chalet. J’ai traversé le pont en vélo.  Une autre fois j’avais eu le privilège de souper et de dormir dans le salon chez ses parents. J’habitais encore au Lac Delage à cette époque. J’avais marché du vieux Québec au quartier Saint-Sauveur par le corridor sinueux de la rue St-Vallier, les yeux écarquillés par la découverte de nouvelles vues sur le complexe G. Je faisais de la fièvre. Je couvais une amygdalite. La Basse-Ville et le cégep me causaient un choc biologique.

Quand j’ai perdu Josée de vue, elle étudiait à l’université pour devenir maîtresse d’école. Elle fréquentait un gars qui était dans l’armée.  Je me demande si vraiment elle ne lui a donné aucun sexe avant de se marier avec lui dans une église.


One Response to “La duchesse de Saint-Sauveur: une fille stuck-up”

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  1. Comment by Pirouette27/11/2009 à 16 h 56 min  

    bonsoir votre majesté huot

    -ta groupie anonyme

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