Un gala de lutte
Pour une présentation sur les tableaux à simple entrée, il a fallu que j’apporte mon ordi à Sainte-Thérèse et que je le laisse dans mon bureau pour toute la semaine. Revenu à Montréal lundi, j’ai compris que sans ordi j’étais coupé d’internet. Pas de recherche. Pas de radio. Pas d’amis. Pas de sexe. J’ai soupé dans ma mauvaise humeur sur la rue Mont-Royal. À l’extérieur du café, un mendiant m’a fait l’aumône d’un peu d’amitié. Je regrette de ne pas l’avoir rencontré plus tôt pour pouvoir l’inviter à souper avec moi. J’avais encore besoin de fraternité. J’ai appelé Poéro sur son cell. J’ai rêvé qu’on se battait à l’épée, lui, moi et Alexis.
Poéro pensait que je lui répondais. Il venait juste d’essayer de m’appeler parce qu’il se cherchait des amis pour boire. Il était chez Yves. Ils écoutaient la lutte. WWE. J’ai été les rejoindre. Yves jubilait. On a vu des fausses rages des fausses trahisons de la fausse lâcheté. Stone Cold attrapait d’une seule main des canettes de bière envoyées on ne sait d’où. Il a mis par terre toute la famille du propriétaire de l’aréna de Dallas. On n’a pas pu voir quand Stone Cold a frappé les femmes. Yves nous a expliqué qu’au Canada on a des lois de censure parce qu’on est trop homosexuels pour voir de la violence à la TV. Sarah, la blonde de Poéro est arrivée. Les combats de femmes commençaient. La gagnante était celle qui réussissait à mettre ses rivales en bobettes. Les lutteuses poussaient des cris de filles quand elles avaient le dessous. Dans un autre combat, un lutteur est rentré dans le ring avec une sorte de sortie de bains à frous-frous. Il ressemblait à Mado Lamotte.
Quand je suis parti, Sarah m’a dit on t’aime d’en haut de l’escalier. J’ai eu chaud à la face. Il me restait quand même un résidu de mauvaise humeur.