Donatien Marcassilar
J’ai été au théâtre hier. À la place de payer nos billets, on avait un mot de passe (on connaît Magali). Je rajoutais au stress de la situation en m’impatientant à juste titre parce qu’il y avait une file d’attente. On se trouvait au Monument National, une salle aux sièges rouges qui a dans son foyer une une dédicace en marbre pour les héros de la patrie.
La pièce était de Claude Gauvreau: L’asile de la pureté, qui raconte le jeûne d’un poète dont la muse s’est suicidée. Des personnages aux noms sonores défilent pour engager le poète à manger et à se compromettre avec la médiocrité ambiante. Les rôles masculins ou féminins étaient joués indifféremment par des hommes ou des femmes. Les artifices utilisés comportaient des odeurs de nourriture et des images de poutine. Le jeu des acteurs était délicieux. Certaines scènes délirantes étaient jouées en langue imaginaire. Ou alors en sons informes. Quelle jouissance la langue de Gauvreau.
Cher payée, la jouissance. Rester assis inactif pendant deux heures sur le même siège est inhumain. Les pièces de théâtre devraient durer quinze minutes au plus, avec une séance d’activité physique intense à toutes les cinq minutes.