Le défi du beau-frère
Cet été avec leur voilier mes parents sont partis plus loin au large qu’à leur habitude. Jusqu’aux fjords de l’île du Cap Breton. Ils ont dû créer une énergie qui m’a influencé parce que moi aussi j’ai été plus loin que d’habitude avec mon vélo. Je me plains de mon inconséquente jeunesse qui m’hypothèque et qui me ferme le chemin de l’Europe cet été. Et pourtant j’ai de la chance. J’ai traversé l’Outaouais, la RdesP, la rivières des Mille-Îles, le Saint-Maurice, la Batiscan, la rivière du Gouffre, la rivière Sainte-Anne, le chenal nord du Fleuve, au début de l’estuaire. Sans compter toutes les villes que j’ai visitées et toute les belles églises que j’ai vues dans les villages. Mes parents eux, ils m’ont appelé comme ils voguaient en dessous du pont de la Confédération.
Mardi j’avais coché tous les sites sur ma liste des sites à visiter à Québec. J’aurais été prêt à repartir. Mais mon beau-frère m’a lancé le défi de pédaler avec lui jusqu’à Baie Saint-Paul. Jusque là , je regardais Charlevoix comme une barrière infranchissable. J’ai passé une journée pleine d’appréhensions. Je connaissais déjà la route jusqu’à Sainte Anne de Beaupré. Le pays est plat. Au pied de la première côte, des pèlerins innus rembarquaient dans leur autobus pour retourner à Sept-Îles. La côte a duré plusieurs kilomètres. L’autre après encore plus. Des petites pancartes nous informaient de notre altitude. En fait, monter des côtes, c’est ce que je préfère. À cause de la respiration. En haut, on voyait les vallées noires et grises de Charlevoix. Et le sommet du mont Sainte-Anne qui se perdait dans la brume. L’air du haut plateau était différent. On gelait. On s’est rappelés des manches et des manteaux qu’il va falloir bientôt se remettre à porter quand la vie va redevenir normale.
Mon beau-frère est courageux. Il m’a lancé son défi alors que dans le fond, il sait que je suis plus entraîné que lui. Il avait un gros vélo lourd en acier. J’avais mon Argon en aluminium. Je l’attendais en haut des côtes. Lui, il me dépassait dans les descentes. Au-dessus du panorama conquis de la Baie, on s’est demandé si le spectacle qui s’offrait à nous était exhilarating ou paroxystique. Ma sœur est venue nous rejoindre avec Alice. On a été reçu par le roi de Baie Saint-Paul. Il nous a placé à une table pleine d’enfants au café des artistes. Un de nos voisins de table avait des blessures aux coudes à cause d’un accident de vélo de montagne.