Archive for juillet, 2005

Le défi du beau-frère

25/07/2005 in Non classé | Comments (0)

Cet été avec leur voilier mes parents sont partis plus loin au large qu’à leur habitude. Jusqu’aux fjords de l’île du Cap Breton. Ils ont dû créer une énergie qui m’a influencé parce que moi aussi j’ai été plus loin que d’habitude avec mon vélo. Je me plains de mon inconséquente jeunesse qui m’hypothèque et qui me ferme le chemin de l’Europe cet été. Et pourtant j’ai de la chance. J’ai traversé l’Outaouais, la RdesP, la rivières des Mille-Îles, le Saint-Maurice, la Batiscan, la rivière du Gouffre, la rivière Sainte-Anne, le chenal nord du Fleuve, au début de l’estuaire. Sans compter toutes les villes que j’ai visitées et toute les belles églises que j’ai vues dans les villages. Mes parents eux, ils m’ont appelé comme ils voguaient en dessous du pont de la Confédération.

Mardi j’avais coché tous les sites sur ma liste des sites à visiter à Québec. J’aurais été prêt à repartir. Mais mon beau-frère m’a lancé le défi de pédaler avec lui jusqu’à Baie Saint-Paul. Jusque là, je regardais Charlevoix comme une barrière infranchissable. J’ai passé une journée pleine d’appréhensions. Je connaissais déjà la route jusqu’à Sainte Anne de Beaupré. Le pays est plat. Au pied de la première côte, des pèlerins innus rembarquaient dans leur autobus pour retourner à Sept-Îles. La côte a duré plusieurs kilomètres. L’autre après encore plus. Des petites pancartes nous informaient de notre altitude. En fait, monter des côtes, c’est ce que je préfère. À cause de la respiration. En haut, on voyait les vallées noires et grises de Charlevoix. Et le sommet du mont Sainte-Anne qui se perdait dans la brume. L’air du haut plateau était différent. On gelait. On s’est rappelés des manches et des manteaux qu’il va falloir bientôt se remettre à porter quand la vie va redevenir normale.

Mon beau-frère est courageux. Il m’a lancé son défi alors que dans le fond, il sait que je suis plus entraîné que lui. Il avait un gros vélo lourd en acier. J’avais mon Argon en aluminium. Je l’attendais en haut des côtes. Lui, il me dépassait dans les descentes. Au-dessus du panorama conquis de la Baie, on s’est demandé si le spectacle qui s’offrait à nous était exhilarating ou paroxystique. Ma sœur est venue nous rejoindre avec Alice. On a été reçu par le roi de Baie Saint-Paul. Il nous a placé à une table pleine d’enfants au café des artistes. Un de nos voisins de table avait des blessures aux coudes à cause d’un accident de vélo de montagne.


Scanneur

20/07/2005 in Non classé | Comments (0)

Avant de partir en voyage, j’ai laissé mon vélo de courrier au service de garde chez Normand. Normand offre un service intégré : il garde les vélos et aussi les courriers. Il est beaucoup sollicité les soirs de semaine l’hiver entre la fin du travail et sept heures, l’heure où la STM tolère les bicyclettes dans le métro. Quand je suis revenu, Normand regardait un film avec ses pensionnaires. Je me suis joint au groupe. Ils m’ont offert de recommencer le film pour que je puisse le voir au complet. Normalement, je suis contre les films. Mais là, j’aurais été impoli de refuser. Je me suis assis. C’était mon tour de fumer le joint. On a choisi les sous-titres en français sur le menu du DVD.

Le film s’appelait Scanner. Un film de peur qui doit dater de la fin des années 1970. Un médicament donné à des femmes enceintes a donné à leurs enfants des pouvoirs de télépathie. Ce sont eux les scanneurs. Ils peuvent capter les pensées d’autrui et aussi contrôler leur système nerveux. Beaucoup des scanneurs sont devenus fous à cause de leurs pouvoirs. L’un d’entre eux a entrepris de prendre le contrôle de la société avec un groupe de scanneurs méchants. Dans une scène, on voit une tête exploser. Dans plusieurs autres, on voit des massacres. Les scènes les plus dures sont les scènes de psychologue, quand les personnages se fouillent le cerveau sans se scanner.

Une bonne partie du film a été tournée à Montréal. Chez Normand, on s’amusait à reconnaître les endroits. Une scène de poursuite dans un escalier mobile se passe au 2020 University. À l’époque du tournage, cet escalier complexe était recouvert d’une garniture faite d’un plastique orange dont la recette s’est perdue en 1982.

Les ordis qu’on voit dans plusieurs scènes ont des écrans verts, ils sont installés dans des salles aseptisées et des techniciens en sarreau leur envoient des commandes mystérieuses en format texte. Mais le film a pas pris une ride. Dans une scène, le bon scanneur s’empare des données de la compagnie méchante par téléphone. Il utilise directement ses pouvoirs mentaux. Le méchant s’aperçoit de l’intrusion. Il enclenche l’autodestruction de l’ordi pour saborder aussi les neurones du bon. Mais c’est le bon qui gagne : il fait sauter le système.

La pitoune du film est une scanneure habillée avec du linge beige avec des grands cols. Elle sort des voitures accidentées sans aucune tache. On ne la voit jamais toute nue. Il n’y a pas scène de cul dans Scanneur. C’est un film oedipien. On apprend à la fin que le nœud de l’intrigue est une histoire de famille. Le méchant fait assassiner son propre père. La pitoune désarme des gardes de sécurité en les confrontant à l’image de leur mère.

La fin du film est ambiguë. On ne peut pas vraiment savoir si c’est le bon ou si c’est le méchant qui gagne. La pitoune attend dans la pièce voisine pendant la scène de la confrontation finale. C’est par ses yeux que les spectateurs restent dans l’expectative.


Tunney’s Pasture – Aventures à Ottawa

15/07/2005 in Non classé | Comments (0)

Le 3 ou le 4 juillet, la Tour de contrôle m’a offert de commencer mes vacances plus tôt que prévu. J’étais content. J’en avais besoin. J’ai décidé de partir à Ottawa pour aller voir mon frère Babasse et ma belle-sœur Judith. J’ai fêté le début de mes vacances un peu fort avec Johnny le Grand Chef et avec Normand. Mais j’ai quand même été capable de pédaler le lendemain. Je suis passé par Laval et j’ai couché au motel à Hawkesbury. Juste avant mon escale, j’ai nagé dans l’Outaouais.

Pendant mon séjour, j’avais l’intention de faire du tourisme sexuel avec des fonctionnaires. Pour le faire savoir, j’ai écrit « Ottawa, Bangkok of the North » sur mon t-shirt. Mais je n’ai pas eu de succès.

Par contre, j’ai eu l’occasion de découvrir Tunney’s Pasture, un beau complexe administratif construit dans le temps de Trudeau. C’est là qu’est le siège de Statistiques Canada. Les tours de Tunney’s Pasture sont construites au milieu d’un environnement paysager ultra-moderne avec des espaces de verdure. Cet hiver, il manquait à Babasse des images pour un reportage sur le ski-doo. Il est allé à Tunney’s Pasture avec son équipe pour se trouver un décor de forêt. Les tours ont une vingtaine d’étages. Juste à côté, une tour à appartements plus haute vient d’être construite. Elle a l’air d’émerger au-dessus de la Green Belt. Plus à l’ouest, il y a le parc industriel high tech de Kanata, et aussi le centre Correl où jouent les Sénateurs. L’Ottawa technocrate rationnelle normalisée StatsCan de l’ère Trudeau, puis la nouvelle Ottawa de l’entreprise privée. Correl produit une suite de logiciels qui fait une compétition inutile à Windows. Ou quelque chose de ce genre. Entre chaque quartier, il y a des interruptions de ville. Toute l’agglomération est faite comme ça. La vallée de la Gatineau coupe Gatineau de Hull. Une autre coulée verte coupe Aylmer de Hull.

Sur la rive québécoise, il y a d’autres complexes immobiliers construits sous Trudeau. Ottawa. La ville de l’ère Trudeau. Bilinguisme. Multiculturalisme. Chartre. Commission de la Capitale Nationale. Mauvais urbanisme. Portage I II III IV. À Hull, les complexes immobiliers éventrent des vieux quartiers de petite ville, qui sont devenus des déserts ou des ruines autour des gratte-ciel.

Près des Tuney’s Pastures se trouve le quartier du plein air. Westboro ou quelque chose du genre. J’ai acheté une tente pour le chemin du retour. Une tente chère qui pèse 5 livres. C’est elle qui m’a aidé à pédaler tout d’une traite jusqu’à Montréal. Je ne voulais pas dormir dans une tente tout seul dans le noir sans lampe pour lire.

Sortir de Hull vers l’est c’est comme sortir de Trois-Rivières. Il y a un grand parc dans le delta d’une rivière. À Trois-Rivières, c’est l’île Saint-Quentin au milieu du Saint-Maurice. À Hull, c’est l’île Leamy au milieu de la rivière Gatineau.

J’ai changé de chemin pour revenir. J’ai pris un traversier pour passer l’Outaouais. Dans le temps de le dire, j’étais à Rigaud. Je commençais à être fatigué. J’ai pensé au train. Il ne passait pas à Rigaud, mais à Dorion à 19h40. Il était 18 heures, il me restait 22 km. J’écoutais Aznavour à Rrâdio-Cânâdâ sur mon Walkman. Il me donnait de l’énergie. C’est pratique RC à cause des nouvelles à chaque heure. CBOF 90,7 FM dans l’Outaouais, 95,1 à Montréal. J’étais trop pressé. Ça chauffait. J’avais mal à la tête. Il y avait des vallons et des écuries. J’ai acheté des Tylenols en bedaine dans un Esso. Le train sentait bon le plastique et le dedans d’avion. Il roulait sur un coussin d’air. Je me suis mis de la musique arabe. On passait les gares du west island. Beaurepaire. Cedar Park. Valois.

Bénie soit l’AMT.


De l’immigration

09/07/2005 in Non classé | Comments (0)

Le groupe le plus nombreux parmi les immigrants qui viennent s’installer à Montréal provient de la banlieue. Suivent, les immigrants des régions, ceux des autres provinces, puis loin derrière, l’immigration internationale. Chacun apporte sa contribution. Grâce aux Vietnamiens, on peut manger de la soupe tonkinoise. Des immigrants transportent du désespoir. Ceux qui arrivent des régions se suicident beaucoup, dans les régions, et aussi au début quand ils arrivent à Montréal. Quant aux immigrants français, la plupart retournent en France après quelques saisons. Les Québécois qui parviennent à s’installer en France font la même chose: ils restent seulement le temps d’un voyage étiré.

Les immigrants du 450 sont ceux qui gardent le mieux leurs coutumes. J’ai pu le constater encore samedi. J’ai été reçu chez des immigrants typiques qui ont recréé leur pays dans un coin d’Hochelaga-Maisonneuve. Ils se sont faits une cour avec un sun deck et une piscine. Une piscine extérieure, c’est un lac artificiel en béton pour pouvoir profiter de la nature. Les trains faisaient de la musique dans la gare de triage du CP. Il y avait aussi un beau bruit du vent dans un érable. Par moment, je me serais cru dans mon enfance, sur le bord de la piscine chez mes grands parents à Sainte-Foy. J’ai fait attention pour pas m’exposer au soleil, tout comme je m’abstiens de certains items des menus quand je soupe dans le Chinatown. Quand il a été question d’aller acheter le dessert et re de la bière au centre d’achats en auto, j’ai proclamé que nous les purs citadins, ce qu’on cherche quand on emménage, c’est d’avoir à notre porte une belle Main comme la rue Ontario.